Cela fait quelques petites semaines déjà que les terrasses ont rouvert. Mais il n’y a pas eu qu’elles pour avoir été déconfinées : Gervais, personnage qu’à peu près tout le monde a oublié et dont le nom a été fui par plus d’une génération de parents, aura eu l’honneur d’être le saint patron du jour où, entre autres chaleureuses retrouvailles, les musées nous furent rendus.
Quand on pense « musée » et qu’à ce mot on ajoute celui de Paris, la mémoire rappelle à notre pauvre esprit nostalgique quelques noms plus ou moins connus : iconique Grand Palais, Carnavalet très métropolitain, prestigieux Luxembourg, Guimet et Cernuschi orientaux, ou bien sûr, l’hégémonique et gigantesque (premier musée du monde par la taille des collections) Louvre. On pense plus rarement à l’admirable établissement qui le borde : le MAD.
Qu’on se rassure, celui-ci n’a de fou que certaines des pièces qui s’y trouvent : et celles-ci conviendront à tous
les goûts. Les adeptes des arts les plus classiques trouveront de quoi se satisfaire dans les salles dédiées au Moyen-Age et aux périodes plus modernes (avec une légère focalisation qu’on ne saurait qualifier de désagréable sur la période Empire) mais pas non plus contemporaines, quand l’abondance d’objets issues de notre époque et du siècle qui la précéda séduira les plus modernistes, avec une touche internationale qui ne déplaira qu’à bien peu de sciencespistes. Et à part les moins matérialistes, les salles du premier étage (et encore, tant la beauté des œuvres – n’ayons pas peur des mots – exposées peut toucher au spirituel !), concentrant des bijoux d’un éclectisme que n’égale que la splendeur à couper le souffle de certaines pièces, sauront faire chavirer le cœur de tous : les émaux, les saphirs, les sculptures dont la finesse ne le cède qu’à l’exploit technique que demande leur réalisation, l’or le mieux travaillé attendent le visiteur esthète.
Mais le Musée des Arts Décoratifs, puisqu’il faut bien tantôt se résoudre à l’appeler par son plein nom, doit surtout sa place dans cet article à sa dernière exposition : LUXES. Une exposition il est vraie relativement courte (une heure tout au plus, à moins de s’attarder conséquemment sur chaque pièce – ce qui est toutefois possible dans la mesure où certaines agrippent le regard pour ne le laisser partir qu’avec des regrets aussi profonds que partagés), mais dense, qui parvient à aborder son sujet sur une bien vaste période, quoique les pièces de l’Antiquité soient plus là pour clamer que toute l’Histoire est présente qu’autre chose. L’extension du domaine étudié (le pluriel provenant de ce que sont – brièvement – abordé des « luxes » comme celui de s’adonner à la science au Moyen-Age ou de voyager loin au XXème siècle) rend plus intéressant l’ensemble, et au vu de la diversité des pièces, il en sera bien quelques-unes pour vous convaincre qu’à elles seules elles valaient ce déplacement : peut-être la table au plateau de lapis-lazuli que la fin de la visite nous donne à voir, peut-être la vitrine remplie de vases créés dans la seule fin d’être montrés dans des expositions universelles - peut-être les robes fort modernes de couturiers actuels exposés en petit nombre en fin de parcours.
Et dans le pire des cas, il vous restera une solution sans risque d’échec : vous rendre au premier étage et perdre à jamais vos yeux et votre âme dans la contemplation de bijoux sans rivaux imaginables autres que leurs voisins.
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